Comment a démarré l’aventure Déambulons ?
« En 2003, je travaillais pour une ONG dans le nord de la Thaïlande où je devais monter un centre de formation agricole. C’est en immersion au sein de l’ethnie Karen, une ethnie assez protégée dans une région proche de la Birmanie, que j’ai découvert le bambou qui est encore hyper présent dans la vie des gens…
Quand je suis rentré en France, j’ai d’abord bossé pour différentes boîtes, dans le marketing et la communication. Vers l’âge de 30 ans, l’envie d’entreprendre m’est venue, et de développer aussi mon goût pour le design, l’architecture et la création manuelle.
Je me suis rendu compte que le travail du bambou, il y a beaucoup d’architectes ou de designers qui en font en Amérique du Sud, en Asie… Par contre, en Europe, des ateliers spécialisés dans le bambou, il n’y en a quasiment pas. C’est comme ça qu’est né Déambulons. »
Comment Déambulons et ses bambous sont arrivés jusqu’à Brignais ?
« En 2015, mon tout premier atelier était à Lentilly. Ensuite nous avons intégré le Bel Air Camp, à Villeurbanne, jusqu’à l’incendie d’octobre 2019. Etant personnellement installé à Grigny, j’ai rapidement saisi l’opportunité d’investir ces locaux à Brignais, dans la zone d’activités des Aigais. Aujourd’hui, nous sommes bien ici, dans une commune dynamique, accessible… »
Déambulons c’est quoi aujourd’hui ?
« Déambulons emploie quatre personnes, dont deux à la production. Pour rester agiles, nous avons choisi d’externaliser de façon régulière certaines prestations administratives, commerciales, ou de communication… Et sur certains projets, nous faisons appel à des CDD pour monter des équipes jusqu’à 10 personnes qui interviennent sur nos chantiers.
Dans une grosse année, nous avons besoin d’approvisionner jusqu’à 5 000 cannes. Nous nous fournissons principalement en France, à la bambouseraie d’Anduze.
Par rapport à une menuiserie d’art, nous c’est un peu spécial, parce que nous devons transformer nous-même notre matière, c’est-à-dire qu’on fait le travail d’une scierie. Il faut qu’on nettoie les cannes, qu’on les fende, qu’on les rabote pour avoir juste notre matière première de base, c’est-à-dire nos lamelles de bambou que nous assemblons. »
Parlez-nous de vos réalisations…
« Essentiellement des choses sur-mesure, un peu grandioses, un peu whaou…
Nous réalisons toutes sortes de projets pour la décoration et le design d’espaces intérieurs : du mobilier – banquettes, comptoirs, habillages et parements muraux, faux-plafonds, paravents, gloriettes – des luminaires, des sculptures et des installations plus éphémères, événementielles…
Nous travaillons également sur les espaces extérieurs avec différentes scénographies, parfois monumentales, à l’image de l’Oasis, une canopée géante de 600 m2 et de 7 m de hauteur, que nous avons réalisée pour le parc Terra Botanica d’Angers, et qui est aujourd’hui la plus grande structure en bambou d’Europe. »
Qui sont vos clients ?
« Ce sont des professionnels et des prescripteurs : des architectes, des scénographes, des designers, des paysagistes… Chaque pièce que l’on fait est quasiment unique, sur-mesure.
Nous travaillons en France et un peu partout dans le monde : le marché de gros à Corbas, les Carrières de lumières aux Baux de Provence, des magasins de l’enseigne Biocop, des restaurants à Lyon, Paris, des hôtels en Croatie, à New York, les Novotel de Monaco ou de Nice, des spas, des installations pour la FIFA lors de la coupe du monde féminine, pour ENGIE au parc Saint-Cloud, dans le parc des Tuileries, au Grand Palais… Les projets sont extrêmement variés. »
Créer des espaces beaux, conviviaux et qui rendent les gens heureux
Quels sont vos projets actuels ?
« Notre particularité, c’est qu’on est sur un métier qui n’existe pas en France et en Europe. Tout est à inventer. On doit former nos collaborateurs, développer nos propres outils, inventer des jonctions, initier des filières d’approvisionnement, de formation…
Notre travail est encore très manuel, assez physique, notamment pour fendre les cannes. On voudrait semi-industrialiser notre travail, développer des machines et des process pour nettoyer, fendre les cannes et raboter lamelles sur trois faces.
On a aussi bénéficié d’une aide de la Région pour développer, avec un centre de recherche dans le Jura, des traitements de nos bambous pour le feu et l’extérieur. On serait les premiers en Europe.
Et puis surtout, le projet pour Déambulons, c’est de continuer à créer des espaces beaux, conviviaux et qui rendent les gens heureux… »
Le bambou à de l’avenir ?
« Oui, le bambou est un matériau pour le futur. C’est une plante qui n’a pas besoin d’eau, ni d’engrais, qui se renouvelle à une vitesse incroyable et qui en plus qui pousse localement. Elle possède des caractéristiques mécaniques incroyables, au niveau flexibilité, légèreté et de résistance qui sont proches de l’acier. C’est vraiment une plante fascinante. »
En savoir plus
Atelier Déambulons
15, chemin de Chiradie – 69530 Brignais